Mythe sur l'énergie 1: l'intermittence consomme plus d'énergie que de laisser chauffer tout le temps

Rédigé par Kevin Sartor - - Aucun commentaire

C'est probablement un des mythes que j'entends le plus souvent concernant le chauffage ...

Le contexte

Le fait de couper le chauffage pendant la nuit (ou le WE) impliquerait une consommation d'énergie plus élevée lors de la relance pour remonter le bâtiment en température que le fait de laisser le chauffage tourner tout le temps.

Soyons clair d'entrée de jeu c'est faux!

Pourquoi chauffe t'on?

En pratique, un bâtiment est chauffé car il est souhaité que la température de l'air soit maintenue à un certain niveau (exemple 20 °C). Cependant, les parois du bâtiment sont en contact avec l'air extérieur qui est généralement plus froid que ce niveau de température.

Dès lors, le bâtiment va naturellement se refroidir (en tentant de chauffer l'extérieur car il s'agit d'un système physique qui tend à être à l''équilibre). Il est donc nécessaire de chauffer le bâtiment pour vaincre cette diminution de température qui est due à ce qui est appelé "les déperditions" .

Ces déperditions seront d'autant plus importantes que l'écart entre la température intérieure et la température extérieure est grande. A noter que les déperditions décrites ici sont les déperditions par conduction (au travers des parois). Il en existe d'autres dont les déperditions due à la ventilation naturelle ou forcée du bâtiment.

Et donc ?

Lorsque l'on laisse tomber la température (arrêt du chauffage la nuit), l'inertie du bâtiment (et de l'air ambiant) diminue c'est indéniable. L'énergie "perdue" sera la même (en première approximation) que celle qui devra être fournie pour rendre le bâtiment à la même température (et avec la même inertie).

Toutefois, comme la température ambiante du bâtiment diminue lors de cet arrêt, les déperditions diminueront également puisque la différence de température sera plus faible.

Par ailleurs, lors de la relance (les premiers jours durant après lesquels le chauffage est relancé après l'été), l'inertie du bâtiments va être "consommée" pour faire quelques économies supplémentaires ce qui reste toutefois assez faible par rapport aux besoins annuels totaux du bâtiment.

Finalement, la température ressentie étant liée à la température des parois, le fait de ne chauffer que lorsque l'utilisateur est présent (ou un peu avant) permet de ne réchauffer que les premiers centimètres de la paroi et donc de ne pas rétablir l'entièreté de l'inertie ce qui permet d'utiliser moins d'énergie.

Les gains de l'intermittence vont d'autant être plus importants que

  • l'isolation est faible (les déperditions sont importantes)
  • l'inertie est faible (la chute de température ambiante est rapide)
  • la durée d'arrêt (l'intermittence) est longue
  • Le système de chauffage n'est pas inertiel (radiateurs, convecteurs contrairement à un chauffage inertie "par le sol")
  • Le surdimensionnement de l'installation de chauffage (qui permet de ne pas anticiper la relance matinale).
  • Indirectement de la taille du bâtiment et de sa compacité qui vont aussi influencer les deux premiers "points".

Ces gains pourraient aller de quelques pourcents à plus de 35 % en fonction de ces paramètres - tout en considérant qu'il est possible que le confort ne soit pas exactement le même puisque la température de paroi sera plus variable.

Toujours pas convaincu ?

Voici une analogie de M. Claessens, professeur à l'UCL: Est ce que vous maintenez votre casserole d'eau chaude du matin jusqu'au soir pour faire bouillir des pâtes du souper. Si la réponse est non, alors vous faites de l'intermittence car c'est plus économique. C'est à dire que vous ne chauffez l'eau des pâtes que lorsque vous en avez besoin.

Si cette démonstration ne vous a pas convaincu, je vous invite à arrêter de chauffer la nuit durant un mois et de voir si votre consommation de gaz diminue ou non (en sachant qu'il est nécessaire de normaliser les consommations c'est à dire de tenir compte de la rigueur climatique (i.e. la température extérieure) qu'il a fait durant la période où vous n'avez pas chauffé...). Cette normalisation sera abordée dans un autre article.

Attention, il ne faut pas couper le chauffage n'importe comment mais faire en sorte que la température nocturne ne passe pas sous un certain seuil: selon les sources on parle de 12 °C pour des bureaux à 14-16 °C pour des bâtiments résidentiels.

Source:

https://energieplus-lesite.be/theories/chauffage11/economie-realisee-grace-a-l-intermittence-du-chauffage/

 

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